Nous avons eu le plaisir de rencontrer Manuela Peschmann, sophrologue et thérapeute forestière. Elle nous explique son parcours et nous dévoile comment elle aide les personnes à se reconnecter avec leur nature profonde grâce à la thérapie forestière.

Bonjour Manuella ! Si tu nous racontais ton parcours ?
J’ai commencé à m’intéresser aux vertus thérapeutiques de la forêt sans même le remarquer ! Je suis née dans les Vosges du nord tout près d’une magnifique forêt. J’ai donc entretenu un lien étroit avec la nature dès l’enfance. Passionnée par le vivant, j’ai fait des études en biologie de la population et des écosystèmes. J’ai obtenu une Maîtrise qui m’a permis d’enseigner. Avec la pratique, je me suis rendu compte que l’enseignement en collège n’était pas mon truc. Beaucoup trop théorique. C’est mon côté sauvage qui a parlé et qui continue de le faire aujourd’hui !
A cette même période, je n’étais pas forcément bien dans mes baskets. Mon médecin m’a conseillé la sophrologie. Cette discipline corps-esprit aide à développer ses propres capacités au travers diverses techniques de relaxation, de respiration et de concentration. Dès la première séance, j’ai retrouvé le sourire et une confiance en la vie que j’avais perdue. Au bout de quelque temps, j’ai décidé de me former à cette méthode. J’ai commencé en étant très protocolaire, en réalisant mes séances chez moi, assise sagement sur ma chaise… Et puis mon côté sauvage, encore lui, a repris le dessus ! Je me suis mise à pratiquer la sophrologie en forêt et j’ai trouvé que ça changeait tout. C’était comme une redécouverte de la nature. Je me sentais plus réceptive à ce qui se passait autour de moi. Le mental se calmait plus facilement. Je sentais un vrai lien.
Cela fait plus de 10 ans que je procède de cette manière. Je guide les gens pendant 2 heures en forêt, en les laissant libres dans leur expérience. Quand j’ai commencé, l’activité n’était pas très connue mais aujourd’hui, les bains de forêt – que les Japonais désignent par Shinrin-yoku – sont beaucoup plus répandus. Leurs bienfaits sont même scientifiquement prouvés.
Justement, quels sont les bienfaits de la thérapie forestière ?
Déjà, et c’est bien connu, se plonger en pleine nature a des effets sur le stress. La nature vibre à une certaine fréquence et fait résonner nos cellules. Les couleurs, les sons et les odeurs entraînent une cascade de réactions physiologiques. L’odeur de l’humus, par exemple, est particulièrement bienfaisante. Elle est produite par une bactérie, Mycobacterium vaccae, qui agit sur notre cerveau. Elle procure une sensation immédiate de bien-être et de détente. Et ça, n’importe quel jardinier pourra en témoigner ! Cela s’explique par le fait que notre physiologie n’a pas tellement changé depuis la Préhistoire. Nous réagissons aux mêmes stimuli qui nous indiquent qu’il y a de la nourriture en abondance et que tout va bien.
C’est pour cette raison que le simple fait de marcher 2 heures dans les bois améliore les fonctions immunitaires, réduit le niveau des hormones du stress et diminue la pression artérielle.
Lorsque j’emmène des groupes en forêt, je leur demande de marcher pieds nus. C’est très déstabilisant la première fois ! Mais c’est un excellent moyen d’être dans le moment présent. Et surtout, cela permet de retrouver un contact intime et sincère avec la nature. Je commence les séances par des techniques d’ancrage et de respiration qui amènent à un état de conscience modifiée rendant plus réceptif. Les participants se reconnectent à leur nature profonde. Après chaque séance, je propose des temps de partage. Ce qui ressort à chaque fois est que l’on en retire beaucoup plus que du simple bien-être. Chez certains, il y a un déclic et l’envie d’intégrer cela dans son quotidien.

Quels conseils pour remettre la nature au cœur de son quotidien ?
Je pense que le contact avec le vivant, la terre, n’importe où, n’importe quand est primordial. Tout le monde n’a pas la chance d’aller se balader tous les jours en forêt, mais ce n’est pas grave !
Premièrement, il faut savoir qu’après avoir passé deux jours en forêt, les effets perdurent pendant 1 mois. Donc, si on a la possibilité de s’offrir un week-end au vert rien qu’une fois dans le mois, on a tout gagné. Ensuite, la nature est partout, même en ville ! Elle est présente dans le moindre rayon de soleil, dans le chant d’un oiseau ou dans les petites herbes sauvages qui se fraient un chemin sur le trottoir. Il suffit de les observer. On a toujours moyen de trouver un contact avec le vrai. Cela demande juste un petit effort de le chercher, de savoir capter le moment.
Je conseille aussi de marcher en pleine conscience. Être pleinement dans ses pas pendant ses balades en ville. Il faut garder en tête que sous le béton, la terre est bien là !
Si on a la chance d’avoir un parc près de chez soi, je conseille d’y passer du temps, ne serait-ce qu’une petite demi-heure chaque semaine. On s’installe près d’un arbre ou sur un banc. Et on enlève ses chaussures pour profiter de l’énergie de la terre. Aujourd’hui, plus personne ne vous regardera d’un drôle d’air ! Les tree huggers ont vraiment démocratisé la pratique !
Et bien entendu, quand on jardine sur son balcon, on cultive la pleine présence, là encore.
Merci Manuela pour cet échange !
Retrouve plein d’infos sur son site therapie-forestiere.fr